top of page
Yvonne Bontoux

Yvonne Bontoux

Yvonne, Rose, Adèle est née à Oz en Oisans, à Sardonne, dans l'Isère le 2 Janvier 1915. Elle est la fille de Marie, Joséphine Verney et de Félix, Alphonse, Joseph Berthet. Marie est comme beaucoup de femmes de cette époque en montagne, à la fois agricultrice, paysanne et responsable du foyer. Félix est charpentier, éleveur, paysan, il travaille avec ses beaux frères Verney en Oisans. Son métier lui vaudra d'être incorporé dans le 4ème Régiment du Génie de Grenoble, il y deviendra maitre d'armes, moniteur d'escrime. Félix sera mobilisé le 2 Août 1914, prisonnier à Damloup, Verdun, le 2 juin 1916. Il ne rentrera d'Allemagne qu'en 1919.  Yvonne mise en route avant la grande guerre ne rencontrera son Père pour la première fois qu'à ses 4 ans passés. Le gaz moutarde, les atrocités des tranchées, la vie en captivité, elle grandira avec les récits de son Père très marqué par la Grande Guerre. Son Frère ainée Gaston, né en 1913 sera tué à la guerre de 1940 à Ham dans le Nord de la France. C'est une déchirure pour toute la famille. Sa soeur Odette née le 22 Janvier 1920 est la cadette de la famille. La vie en Oisans en ce début du 20ème siècle est difficile, la montagne est rude, les activités quotidiennes aux champs, le soin aux bêtes, se préparer à passer l'hiver, tout cela demande de l'énergie. Et Yvonne en a à revendre, elle est une enfant dynamique, un peu garçon manqué, qui n'hésite pas à faire comme les garçons et se lancer à ski, en luge dans les pentes raides de Sardonne. Elle n'était pas la dernière à aider à damer la piste en descendant sur les fesses. Elle fera une lourde chute en tentant de monter dans un train en marche en descendant à Vizille. Une chute qui avec d'autres lui vaudront de se faire enlever un rein en pleine guerre. Elle aide sa famille dans toutes les activités de subsistance, elle est forte et dure à la tache. Puis, jeune fille, il faut améliorer le quotidien, elle travaille comme serveuse dans les premiers hôtels à touristes de Huez. Elle est belle, élégante, libre au coeur de ses montagnes. Elle aime la nature, les fleurs, les ballades aux champignons, les animaux. Elle aide beaucoup à la maison tout en cultivant son indépendance de presque citadine quand elle sert dans les grands hôtels de Huez. Elle aime ce monde un peu "rupin" qu'elle côtoie ici tout en sachant qu'elle n'y appartient pas. Rapidement elle descendra à la ville pour travailler dans l'usine de l'Alliance Textile à Vizille. C'est à Vizille qu'elle rencontrera Robert. Elle comprends qu'il faut gagner sa vie et cesser de subsister et qu'elle a cette responsabilité là, pour elle mais aussi pour sa famille restée la haut à Sardonne. Robert ne l'entendra pas de la même façon et voudra qu'elle travaille à ses cotés dans son entreprise de peinture familiale. Sa soeur Odette, reste à Sardonne, elle s'adonne aux taches de la ferme, les champs, les foins, les récoltes, le bois, remplaçant le mulet quand celui ci fait défaut pour porter le bois, les produits de la ferme. Yvonne est profondément tournée vers les autres, vers la cause des autres, les droits des femmes, l'aide aux plus malheureux. C'est une femme sociale qui n'hésite pas à s'engager. Elle s'engagera dans la Résistance comme elle s'engagera plus tard dans le conseil municipal de Vizille, au Secours Populaire ou à la présidence de l'ANACR ou encore à faire reconnaitre les activités de Résistants "des copains" après guerre et dans l'organisation de toutes sortes d'évènements liés aux anciens combattants. Elle aurait pu après guerre jouer un rôle politique plus important au niveau régional mais Robert ne lui permettra pas. Elle aime profondément cette vie publique, elle aime côtoyer ces gens éduqués, cultivés qui ont fait des études, elle qui s'est construite toute seule. Elle est du coté de ce qui est juste et bien de faire. Elle ne supporte pas l'injustice. Elle en impose, aujourd'hui, on dirait qu'elle a du charisme, de la prestance. Elle aime sa famille, elle aime les enfants, la vie ne lui en donnera pas, elle a de l'amour à revendre et elle aime passionnément Robert. Ils seront liées à la vie à la mort pendant près de 70 ans. Tout ceux qu'ils l'ont côtoyée vous diraient que c'est une Grande Dame.

Elle m'a aimé comme un fils. Je l'aime toujours comme une Mère.

​

Robert Bontoux

Robert Bontoux

Robert, Auguste est né le 16 Septembre 1914 à Vizille, il est le fils de Jeannne Françoise Fournier et de Paul Auguste Bontoux. Paul, son Père est peintre décorateur, il est un artisan indépendant de Vizille. Membre du Parti communiste français. Robert débutera dans l'entreprise familiale à l'âge de 14 ans. Robert est un garçon réservé mais aime la camaraderie, les copains, l'ambiance du groupe. Il intégrera l'équipe de rugby de Vizille ...pour y couper les citrons ...mais surtout pour être avec les copains. Très vite il se passionne pour les motos et "les autos" comme il disait. Ses parents ont les premières voitures, il aura les premières motos. Il roule vite, prend des risques sur les petites routes de montagnes. Il prendra de belles gamelles avec son engin ! Dans un virage un peu serré il verra même Yvonne s'éjecter par la porte de sa voiture qui fermait mal. Robert est casse cou. Il a un caractère de cochon, il est silencieux, solitaire mais ne rechigne pas à de bons moments avec les gens qu'il aime. Il aime la compagnie des copains turbulents. Mais Robert est surtout droit et très fidèle en amitié. Il est fiable et n'a qu'une seule parole. Il rencontre Yvonne à Vizille et découvrira l'Oisans et Sardonne, la région d'origine de Yvonne. Il aimera profondément l'Oisans et la montagne lui le citadin. Il fera son service militaire en Alsace, "beau pays mais très mal habité" me dira t il quand je rencontrais ma future épouse Alsacienne !. En 1939, il est enrôlé  dans cette drôle de guerre dans l'artillerie. Il aurait détruit un char. Croix de Guerre. La guerre, les ordres idiots et l'autorité, c'est pas son truc, Robert n'est pas un militaire. Il est communiste très jeune, comme son Père, ses idéaux sont ceux de la révolution de 1917. Il sera Stalinien jusqu'à la fin de ses jours. Il fait parti de ceux qui considèrent que De Gaulle a trahi la Résistance, il lui en tiendra rigueur jusqu'au bout.  C'est Yvonne qui l'a embringué dans la Résistance. Ensuite il ne fera rien à moitié, sabotage, combats, représailles. FTP au sein du détachement Muller à Vizille, il travaille le jour et sort la nuit. Il vit avec le "pétard" dans la poche, se cache quand il entend une voiture arriver. Quand enfant je mangeais vite il me demandait en riant "t'as les boches au cul ?" L'assassinat de ses parents le conduira à prendre le Maquis de l'Oisans Secteur 5 et à découvrir cette vie au grand air qu'il appréciera énormément malgré le contexte. Quand plus jeune nous croisions une voiture allemande près d'une tombe "d'un copain" tombé près du Galibier, je lui demandais ce qu'il ferait si il avait une arme ...sa réponse était sans équivoque 40 ans après. Robert parlait peu voir pas du tout de ses faits d'armes. Il ne tirait aucune fierté de tout ça. Il était un anonyme qui a fait ce qu'il fallait faire à un moment donné et qui me disait qu'il resterait à la maison si c'était à refaire. Il était juste sorti de l'ombre pour prendre la place d'un copain tombé. Il y avait dans son engagement armé un engagement politique réfléchi pour la liberté et pour que les communistes gouvernent après guerre, pour qu'une autre France naisse enfin. Il sera déçu toute sa vie. Mais c'est avant tout pour Yvonne qu'il a fait tout ça. Robert l'aimait éperdument. Il aimait aussi la vie, les animaux, la pêche, la chasse, la vie en plein air. Avant comme après guerre il sera peintre décorateur à son compte à Vizille. Très minutieux et très doué pour les lettres, il s'occupera des tous les panneaux de signalisations, des textes officielles mais aussi de l'entretien du château de Vizille. Il se suicidera le 31 Mai 2000 quand Yvonne alors en Ehpad ne le reconnaitra plus lors de ses visites quotidiennes. Il m'a annoncé son suicide le dimanche sans que je puisse l'en dissuader, le mardi il était mort. Cette violence jusque dans sa mort m'a profondément choqué. J'ai alors pris conscience de la violence de sa vie et de ce qu'il a vécu. Robert est un vrai partisan, prêt à tous les sacrifices pour reconquérir sa liberté, y compris se donner la mort.

Il m'a aimé comme son fils. Je l'aime toujours comme un Père.

​

© 2022 par PPR

bottom of page